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Le travailleur social face au « deux poids, deux mesures »

Le travailleur social face au « deux poids, deux mesures »

Par admin5546Dans Droits humains, Immigration, Politique socialePosté août 22, 2024

Par le passé, au CRILUX, chaque fois que nous étions confrontés à des discours du type :

« haa, si j’étais étranger, j’aurais plus facilement accès à l’aide sociale ! »

nous mettions énormément d’énergie à expliquer et démontrer que l’accès à cette aide sociale était inconditionnel et en rien lié à des critères d’origine ethnique ou géographique.

Depuis le printemps 2022 et l’apparition du statut de protection temporaire (qui s’applique principalement aux ressortissants ukrainiens), les choses ont changé. Des causes similaires (conflit armé qui oblige à la fuite) engendrent désormais des conséquences différenciées : octroi immédiat du statut de protection et accès à l’aide sociale pour la protection temporaire ; nécessité d’introduire une demande de protection selon une procédure parfois très longue et accès à l’aide matérielle (accueil en centre collectif ou en initiative locale d’accueil) pour la demande « classique » de protection subsidiaire. Avec ce sentiment, pour les publics qui n’ont pas accès à la protection temporaire, de se vivre comme des étrangers de seconde zone dont personne ne fait grand cas, dans une violence symbolique et institutionnelle difficile à accepter.

Et les travailleurs sociaux dans tout cela ? Ils sont coincés dans une double narration : la première consiste à dénoncer la différence de traitement entre des situations d’origine qui présentent de nombreuses similarités. Comment expliquer, en effet, que l’on créée des conditions favorables d’accueil pour une partie du public étranger alors qu’en même temps, et pour toute une autre partie des publics, la Belgique est condamnée à répétition pour défaut d’accueil ? C’est difficile à accepter. La seconde narration consiste à mettre en avant l’aspect positif des choses : lorsqu’elle le veut et qu’elle se donne les moyens, la Belgique peut mettre en œuvre un accueil digne et humain. A charge pour elle de capitaliser sur cet élan et d’étendre les publics concernés.

Au CRILUX, nous privilégions cette deuxième approche, sans être dupes. Parce que si l’on s’en tient à la première, consciemment ou inconsciemment, nous risquons de nourrir une forme d’opposition des précarités : celle qui oppose les « bons » et « ceux qui n’ont pas leur place ici » ; celle qui oppose « ceux qui sont proches de nous culturellement et géographiquement » aux autres. Faire cela, c’est mettre le focus sur les conséquences de la crise plutôt que sur ses causes.

Car le problème de cette crise, ce n’est pas la nature des personnes que l’on accueille, mais bien les conditions dans lesquelles cet accueil s’organise. Il est certain que ces conditions pourraient être meilleures. Bien sûr, il faut des critères clairs et transparents pour organiser l’accueil et la protection internationale, pour que chaque pays puisse accueillir à la hauteur de ses possibilités ou, à minima, puisse participer aux efforts de financement des autres pays. Le débat reste ouvert.

Si l’on tente de prendre un peu de hauteur par rapport à tout cela, plusieurs éléments peuvent poser question :

Le réseau d’accueil : ces dernières années, le réseau d’accueil classique (centres collectifs et hébergements de plus petite taille gérés par les CPAS) a trop souvent payé le prix d’un calibrage qui colle au volume des demandes. Les crises se succèdent. Entre les coups, la demande de protection diminue. On ferme des places d’accueil. La crise d’après arrive. Le réseau est tout de suite saturé. On ouvre des places en urgence. Cette incapacité à prévoir des places-tampon en suffisance et à accepter que les enjeux migratoires et d’accueil doivent s’envisager sur le long terme et de manière récurrente n’est pas sans conséquences : d’ouvertures en fermetures, ce sont autant d’infrastructures qui sont réquisitionnées et puis perdues, autant d’aménagements réalisés parfois à prix d’or avant d’être démantelés, autant de travailleurs (et notamment de jeunes travailleurs sociaux dont c’est l’une des premières expériences) qui sont obligés de se réorienter, autant de partenaires publics et privés qui se perdent entre incitants à ouvrir des places et arrêt des subsides.

L’accueil citoyen : en quelques années à peine, l’accueil en famille de personnes étrangères (avec titre de séjour, ou non) est passé d’une criminalisation complète (à l’époque où le débat sur les visites domiciliaires occupait le devant de la scène) à un modèle promu et encouragé par les pouvoirs publics (qui n’avaient pas vraiment d’alternatives à court terme au début du conflit en Ukraine). Cet accueil s’est montré flexible et réactif. Il a, dans un premier temps, suscité un grand enthousiasme dans la société civile. Tant mieux, cela contribue aussi à créer les conditions favorables d’un vivre ensemble harmonieux et solidaire. Mais cette action citoyenne n’a pas vocation à être pérenne lorsqu’une vision politique portée par les pouvoirs publics doit prendre le relais, d’une part, et lorsque l’action sociale se doit d’intervenir pour ne pas laisser l’hébergeur seul face à toute une série de réalités et d’enjeux (accès aux droits, santé, santé mentale, apprentissage de la langue, insertion sociale et professionnelle, …) sur lesquels il n’a pas prise, d’autre part.

Le réseau d’accueil « bis » : pour compliquer encore les choses, un réseau d’accueil « bis » géré par un prestataire privé a vu le jour en Wallonie. Il permet d’accueillir les bénéficiaires de protection temporaire n’ayant pu trouver de solution d’hébergement par eux-mêmes ou pour lesquels l’accueil en famille n’est plus possible. La nature de leur statut ne rend en effet pas pertinent l’accueil en structure collective classique (construit sur l’aide matérielle alors que la protection temporaire s’appuie sur l’accès direct à l’aide sociale). Dans ce réseau, où l’encadrement est peu développé, les interventions sociales sont assurées majoritairement par des intervenants externes, pris dans cette logique du « deux poids, deux mesures » alors qu’ils peinent déjà à faire face aux demandes des autres publics, et en questionnement permanent sur la plus-value de leur action.

Les pouvoirs locaux et les associations en première ligne : pour terminer ce bref panorama, quelques mots sur les pouvoirs locaux et tout un pan des associations à vocation sociale. Là où, auparavant, les travailleurs sociaux des communes et CPAS pouvaient compter sur un premier temps en structures collectives pendant lequel les demandeurs de protection pouvaient se familiariser avec le pays d’accueil et son fonctionnement, avec le conflit ukrainien, ils se sont retrouvés en première ligne du premier accueil sans y avoir été préparés et avec des moyens (financiers et humains) limités.

L’idée n’est pas de sombrer dans la plainte ou le défaitisme. Il en faudra plus pour altérer l’enthousiasme des collègues au CRILUX. Mais entre considérations éthiques, vision de société, risques d’instrumentalisation, capacités d’interventions et perspectives, le travailleur social marche sur un fil, et ce débat sur le « deux poids, deux mesures » doit pouvoir se regarder en face, dans toutes ses contradictions.

Demain, si le conflit prend fin en Ukraine, la protection temporaire s’arrêtera. Que se passera-t-il alors pour les publics accueillis ? Un retour vers l’aide matérielle et l’accueil en structure collective ? Une régularisation du séjour ? Un régime particulier ? Impossible à dire à ce stade. La seule certitude, c’est que le CRILUX sera là pour déployer son accompagnement, comme il le fait pour tous les publics.

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